Ce que j'apelle cristallisation, c'est l'opération de l'esprit, qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l'objet aimé a de nouvelles perfections. Ce phénomène, que je me permets d'appeler la cristallisation, vient de la nature qui nous commande d'avoir du plaisir et qui nous envoie le sange au cerveau, du sentiment que les plaisirs augmentent avec les perfections de l'objet aimé, et de l'idée : il est à moi.
__Il est difficile de mettre des mots sur mes sentiments, sur les souvenirs et sur 'nous'. Je suis emplie d'incertitude; constamment. Mon coeur approuve; mais pas ma raison. Parfois j'ai des envies de tout laisser tomber; parce que dans tous les cas; je perd. Parfois j'ai des envies de tout oublier; avant qu'il ne soit trop tard. Mais ce serait lâche; trop égoïste. Lacher sa main; serrer le poing. Mais m'apercevoir que sans celle-ci; je tomberai; inévitablement. C'est un cercle vicieux; toujours. Et j'en ai les larmes aux yeux; de voir que nos mains ne peuvent tenir ensemble. Comme dirai Jane; mes yeux se transforment en nuage; et pour cause de condensation, la pluie tombe; à flot. L'ancien lui; s'est mis à nu; sans fautes il m'a décrit toute sa peine; j'ai cru comprendre que son nouveau départ lui avait fait ouvrir les yeux; 'c'est pour nous assurer un bon avenir' a t-il dit, je n'ai pas bien compris ce 'nous' qui pour moi ne voulait plus rien dire; plus rien du tout. Il m'a alors demandé s'il y avais à nouveau quelqu'un; je n'ai été apte que de lui répondre: "Et si je te disais que oui; ça t'aiderait à oublier ?" C'est alors que j'ai définitivement tiré un trait sur cette histoire; brulé les pages froissées par l'ennui. Relu quelques lignes; pour me rapeller; pour être sûre; et pour ne pas regretter. Étrangement; la couleur de mes yeux s'est éclaircie, j'avais peine à croire, j'étais guérie. La plaie se refermait; petit à petit, j'étais même capable de lui sourire; sans me souvenir du reste. Et je cristallise. Assise en tailleur dans l'herbe verte, je cueille une de ces marguerites, j'épluche une à une les pétales; il n'en reste plus que trois; ou quatre. Je jette la marguerite, ce doit être cette petite peur, celle de tomber sur 'pas du tout'. Mais après tout, je me lance, je tombe sur 'un peu'. Tant pis; c'est mieux que rien du tout.